De 1788 à 1796, les années d’enfance d’Audubon se déroulent à Nantes et à La Gerbetière, la belle demeure familiale achetée à Couëron, au bord de l’estuaire de la Loire, au contact d’une nature riche qu’il découvre avec son père, Jean Audubon. Celui-ci, alors lieutenant de vaisseau, le destine d’abord à une carrière dans la marine. Mais les longues années de formation à l’arsenal de Rochefort (Charente-Maritime, France), de 1796 à 1801, se concluent par un échec.
De retour à Nantes et à Couëron, Jean-Jacques reprend ses loisirs de naturaliste. A partir de 1801 ou 1802, il bénéficie de l’amitié de Charles-Marie Dessalines d’Orbigny, le médecin de la famille.
C’est alors que Jean Audubon, en 1803, décide d’envoyer son fils aux États-Unis pour y exploiter son domaine de Mill Grove près de Philadelphie, Pennsylvanie. Jean-Jacques traverse l’Atlantique mais, sur place, ne s’entend pas avec Francis Dacosta, co-gérant du domaine, et revient en France. Il a profité du séjour pour s’initier à la faune américaine et ramène à Nantes une série de dessins de mammifères et d’oiseaux américains. Il retrouve le docteur d’Orbigny et, en sa compagnie, approfondit ses connaissances scientifiques et son approche du dessin animalier.
Cependant, son père ne renonce pas à son projet américain. Il négocie pour son fils un contrat d’association avec Ferdinand Rozier, fils d’un riche négociant nantais, afin que les deux jeunes gens développent un établissement commercial aux États-Unis. Jean-Jacques lui-même souhaite retourner à Mill Grove afin d’épouser Lucy Bakewell, rencontrée lors de son premier séjour américain. Le 12 avril 1806, Jean-Jacques s’embarque pour les États-Unis. Il ne reverra jamais sa famille, ni La Gerbetière. C’est sans doute juste avant ce départ qu’il donne à d’Orbigny les dessins qui forment la collection de La Rochelle.
Aux États-Unis, il liquide Mill Grove et part vers l’ouest installer un comptoir sur les bords de l’Ohio. Ce n’est qu’en 1820, après une suite de réussites et d’échecs, qu’il décide d’abandonner ses activités de commerçant et d’entrepreneur pour se consacrer exclusivement à son projet scientifique et artistique sans autre soutien que celui de son épouse Lucy, et, ponctuellement, de quelques amis.
Aux États-Unis la reconnaissance pour son œuvre viendra après celle de l’Europe et Audubon pourra installer sa famille sur les bords, alors champêtres, de l’Hudson, à New York, où il meurt en 1851. Cette reconnaissance ira en s’amplifiant avec les années, aboutissant à la création, en 1896, au Massachusetts, de la première Audubon Society de protection des oiseaux, suivie rapidement de beaucoup d’autres, lesquelles se fédérèrent en 1905 au sein de la National Audubon Society, toujours vivante et très active de nos jours.